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Impôts en Turquie pour les étrangers: Guide complet 2025

انتقال پول از ترکیه

S’installer, travailler ou investir en Turquie en tant qu’étranger implique de se confronter à un système fiscal qui peut paraître complexe, mais qui s’avère logique une fois que l’on en maîtrise les rouages. La règle d’or à retenir: votre statut de résidence détermine l’ensemble de vos obligations fiscales.

De nombreux expatriés tombent dans le piège de l’« obligation fiscale illimitée » sans même le savoir. Dans ce guide actualisé pour 2025, nous ne nous contentons pas d’analyser les chiffres bruts; nous expliquons ce qu’ils signifient concrètement pour votre portefeuille. Nous avons mis à jour les données avec les nouveaux taux de 2025 pour vous aider à anticiper les coûts cachés.

Le facteur déterminant: la règle des 183 jours

Avant d’aborder les taux d’imposition, il est crucial de définir qui est imposable. Le droit fiscal turc distingue deux catégories de contribuables:

  • Assujetti à l’impôt illimité (Tam Mükellef): Si vous avez votre résidence légale en Turquie ou si vous séjournez plus de 6 mois (183 jours) de manière ininterrompue au cours d’une année civile.
    La conséquence: Votre revenu mondial doit être déclaré et imposé en Turquie (sous réserve des conventions de non-double imposition).
  • Assujetti à l’impôt limité (Dar Mükellef): Vous ne vivez pas en Turquie de façon permanente (moins de 6 mois de présence).
    La conséquence: Seul le revenu que vous générez en Turquie (ex: revenus locatifs, salaires perçus sur place) est imposé.

Conseil pratique: Il existe des exceptions à la règle des 183 jours pour les scientifiques, les représentants de la presse ou les personnes présentes pour des raisons médicales. Ces profils restent souvent assujettis à l’impôt limité, même en cas de séjour prolongé.

1. L’impôt sur le revenu des personnes physiques

L’impôt sur le revenu (Gelir Vergisi) en Turquie est progressif. En clair: plus vous gagnez, plus le taux d’imposition est élevé. Pour l’année 2025, les tranches de revenus ont été nettement revues à la hausse pour tenir compte de l’inflation.

Les taux suivants s’appliquent aux revenus provenant des salaires, des loyers et des activités commerciales:

Tranche de revenus (Revenu annuel en TL)Taux d’imposition
Jusqu’à 158 000 TL15 %
158 001 TL 330 000 TL20 %
330 001 TL 800 000 TL (jusqu’à 1 200 000 TL pour les salariés)27 %
800 001 TL 4 300 000 TL (jusqu’à 4 300 000 TL pour les salariés)35 %
Au-delà de 4 300 000 TL40 %
Barèmes de l’impôt sur le revenu pour 2025 (basés sur le Journal Officiel).

Les revenus imposables comprennent notamment:

  • Les traitements et salaires
  • Les revenus locatifs immobiliers
  • Les bénéfices des professions libérales
  • Les revenus de capitaux (intérêts, dividendes)

2. Impôt sur les sociétés: un point clé pour les entrepreneurs

Pour les investisseurs étrangers créant une entreprise en Turquie (comme une Limited/Ltd. Şti. ou une A. Ş.), les règles sont claires. Si l’époque des taux extrêmement bas est révolue, le pays offre une stabilité grâce à des structures bien définies.

Le taux standard de l’impôt sur les sociétés en 2025 est de 25 %.

Détails importants pour les chefs d’entreprise:

  • Secteur financier: Les banques et institutions financières paient un taux majoré de 30 %.
  • Bonus à l’exportation: Les entreprises exportatrices bénéficient souvent d’une réduction de 5 points sur le taux d’imposition de leurs revenus d’exportation.
  • Impôt minimum 2025: Un impôt minimum sur les sociétés de 10 % sur les bénéfices avant certaines déductions a été introduit pour lutter contre l’évasion fiscale.

Découvrez les acteurs majeurs du marché turc dans notre article sur les Top 10 des plus grandes entreprises de Turquie.

3. Retenue à la source (Stopaj) sur les investissements

Lorsque vous placez de l’argent en Turquie, l’État prélève souvent l’impôt directement à la source (retenue à la source). Cela simplifie les démarches, mais réduit le rendement immédiat.

  • Dividendes: Si les bénéfices sont distribués à des non-résidents, une retenue de 15 % s’applique (réductible via les conventions fiscales).
  • Intérêts bancaires: Les taux varient selon la devise et la durée (souvent entre 0 % et 15 %). Les dépôts en livres turques (TRY) à long terme sont souvent avantagés fiscalement.
  • Obligations d’État: Les revenus des obligations turques bénéficient généralement d’une retenue réduite (souvent 0 % ou 10 %).

Pour la gestion de vos flux financiers, consultez notre guide sur les alternatives bancaires et systèmes de paiement pour expatriés.

4. Taxes à la consommation: TVA (KDV) et ÖTV

Les taxes à la consommation constituent souvent les coûts « invisibles » les plus importants en Turquie. Il faut distinguer deux taxes majeures:

La TVA (KDV)

La TVA (Katma Değer Vergisi) a été révisée à la hausse mi-2023. Les taux actuels sont:

  • 20 % Taux standard: S’applique à la plupart des biens de consommation, meubles, appareils électroniques et services.
  • 10 % Taux réduit: S’applique au textile, à l’habillement et à une grande partie de la restauration.
  • 1 % Taux super-réduit: S’applique aux produits alimentaires de base non transformés (farine, pain).

Important pour les exportateurs: Les biens et services fournis à des clients basés à l’étranger sont généralement exonérés de TVA.

Taxe Spéciale sur la Consommation (ÖTV)

L’ÖTV (Özel Tüketim Vergisi) est une taxe unique qui renchérit considérablement les produits de luxe, l’alcool, le tabac et surtout les véhicules. Lors de l’achat d’une voiture, l’ÖTV peut dépasser 80 %, voire 100 % de la valeur du véhicule selon la cylindrée.

Si vous immatriculez un véhicule, vous devrez également payer la taxe annuelle (MTV), qui a augmenté d’environ 44 % en 2025. Pour plus de détails, consultez notre article sur l’assurance automobile en Turquie.

5. Immobilier et patrimoine

L’immobilier est prisé par les étrangers, mais le fisc est bien présent à chaque étape du processus.

À l’achat

Les droits de mutation (Taxe de Tapu) s’élèvent à 4 % du prix de vente déclaré. Officiellement, ces frais sont partagés entre l’acheteur et le vendeur (2 % chacun), mais dans la pratique, il est fréquent que l’acheteur doive supporter la totalité des 4 %.

Attention: Les procédures notariales engendrent des frais supplémentaires. Informez-vous sur la notarisation et les frais de notaire en Turquie.

Pendant la possession

La taxe foncière annuelle (Emlak Vergisi) reste modérée par rapport aux standards européens:

  • Logements: 0,1 % (0,2 % dans les grandes métropoles comme Istanbul).
  • Locaux commerciaux: 0,2 % (0,4 % dans les métropoles).

Il existe également une taxe sur les « résidences de grande valeur » (Değerli Konut Vergisi) pour les biens dépassant environ 12,8 millions de TL.

À la revente (Le conseil crucial!)

C’est ici que l’économie peut être la plus importante: si vous détenez un bien immobilier résidentiel pendant plus de 5 ans, la plus-value réalisée lors de la revente est totalement exonérée d’impôt en Turquie. En cas de vente avant ce délai, le gain est imposé comme un revenu classique.

Conclusion: l’anticipation est la clé

La fiscalité turque offre des opportunités (exonération immobilière après 5 ans, taxe foncière faible) mais comporte des défis (taxes élevées sur les voitures et l’alcool, règle stricte des 183 jours). Pour un étranger, il est essentiel de bien surveiller son statut de résidence pour maîtriser sa pression fiscale mondiale.

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